Les Jouffrieau à Ouaga !

n ne sait plus trop comment l'idée a germé, un certain 2 juin à l'heure du petit déjeuner, jour de la sainte Blandine. Yasmina venait de passer quelques jours à la maison, à l'occasion de la communion de son filleul Baptiste et était repartie la veille pour Paris. Le Burkina alimentait notre conversation, entre le beurre et la confiture, quand tout à coup sans trop savoir par quel cheminement, nous nous sommes retrouvés projetés au mois d'octobre avec la perspective de la fin de la formation de Martin entamée depuis une année, les questions de la suite pour Martin, pour la famille, un agenda ouvert qui nous indique les dates de congés scolaires, l'arrivée opportune d'un chèque familial … et c'est comme cela qu'on finit par se jeter un regard … " et si on y allait, depuis le temps qu'on en rêve ! ". Une pincée d'audace pour compléter cette conjonction matinale et il n'en faut pas plus pour que Blandine saute sur son téléphone à fin d'annoncer la nouvelle à Yasmina qui s'était fait une raison et pensait nous accueillir que dans 5 ou 10 ans.


Nous avons donc pris notre envol le 22 octobre, lourdement chargés d'une multitude de choses confiées par les uns, données par les autres, maillots glanés auprès du club de foot, saucissons et camemberts pas trop faits, trésors accumulés dans les greniers amis par Yasmina lors de ses passages. Nous partions pleins de nos idées reçues, images faites de bouts de films, d'articles, d'anecdotes racontées par Yasmina ou d'autres voyageurs, de tout un imaginaire né de notre bon cœur et de notre culture Française. Mais lorsqu'on débarque à l'aéroport, qu'on traverse la ville pour rejoindre le quartier de la famille BADOLO, on se dit que décidément, il faut voir l'Afrique pour en comprendre le sens.


Enfin nous allions voir tous ces visages amis dont les noms résonnaient dans nos têtes depuis si longtemps : Georgette, Natacha, Myriam, …et puis tous les amis de la troupe Bélégnié à qui au pied de notre cerisier à Chantonnay, au son des djembés, nous avions un jour promis de venir ! Nous quittons l'aéroport saisis par cette chaleur enveloppante qui même en ce début d'hiver burkinabé ne peut se comparer à notre canicule 2003 ! La mercèdes 5ème génération nous emmène au secteur 9, quartier de Gonghin. J'ai beau avoir beaucoup imaginé, je suis saisie par les couleurs, la terre,  la poussière, l'ambiance de la rue où tout le monde est dehors affairé à travailler. On vit dehors, on se parle… Le portail de la cour s'ouvre…les djembés éclatent de joie, nous voici en terre amie, reçus comme la famille…l'émotion est trop forte : Yasmina et Loussir  nous font la surprise d'avoir invité nos amis musiciens et danseurs de la troupe Bélégnié ! Les voisins passent la tête, les enfants accourent.. Nous voilà en terre africaine !

Si je continue je vais en écrire des pages de ce
qu'il y a d'inscrit dans nos cœurs !


es 15 jours ont duré une éternité de joie. Nous avons eu l'immense privilège d'être reçus comme la famille, de rentrer dans le quotidien , dans l'intimité de la famille Badolo. On y vit à une dizaine, la porte est toujours ouverte et nous y avons reçu des leçons d'ouverture et de partage. Nos trois enfants Sarah (12 ans), Baptiste, filleul de Yasmina qui y fêtera ses 9 ans ! et Timothée 6 ans ont vécu avec grand bonheur ces rencontres. Imaginez vous ! Toujours une dizaine de copains avec qui jouer ! On s'en souviendra des matchs de foot aux couleurs de l'équipe de Chantonnay ! Avant l'accueil africain était encore des mots, aujourd'hui je mesure cette disponibilité, cette ouverture à l'autre, cette dimension de service. Notre esprit de générosité fait bien pâle figure après avoir vécu à l'école de Yasmina ! Sa vie simple, désencombrée nous a enseignés.

Notre corps a dû prendre le rythme qu'impose ce pays et la chaleur étouffante nous a plusieurs fois surpris pantelants sur le bord de

Page 17

page suivante