Voici enfin le nouveau Dunia Kibaré ! Je sais que vous l’attendiez avec impatience. Vous vous demandiez mais que se passe-t-il ? Sachez que notre lettre associative est prête depuis quelques mois déjà. Mais des soucis de trésorerie nous ont contraints à différer notre envoi. Par ailleurs, malade régulièrement depuis l’année dernière, les activités de l’association ont été fortement ralenties. Mais depuis février tout est rentré dans l’ordre.

Ce n’est pas de cette terre à laquelle je suis tant attachée que je vous écris cette missive, mais de la région parisienne. Et oui, je suis de passage pour quelques mois en France. Mais bien loin du Burkina, c’est pourtant pour mieux comprendre le Burkina et ses liens avec mon pays maternel que je suis revenue, engageant un DEA en anthropologie à l’université de Paris 8, dans le 9-3 comme on dit au Sud de Paris !

Après une maîtrise obtenue en 2003, j’avais le souhait de poursuivre en DEA. Mes recherches, encadrées par une méthodologie rigoureuse et fructueuse, m’avaient permis d’une part d’approfondir la connaissance que je pouvais avoir des l’environnement social et culturel dans lequel je vivais ; et d’autre part de restructurer l’association Dunia La Vie-Burkina et d’en préciser les objectifs. J’avais abordé lors de cette maîtrise, « les échanges culturels entre le Burkina Faso et la France et comment dans l’histoire, s’étaient construites les représentations mentales que nous avions les uns des autres ». Les résultats de mes travaux montraient combien il était important de créer des espaces favorisant les rencontres et les échanges pour modifier ces représentations que nous avons de l’autre. Lorsque je dis l’autre, c’est le Burkinabé pour le Français et le Français pour le Burkinabé, tant les clichés sont de part et d’autres bien installés. C’est dans la continuité de ces travaux que je poursuis donc ces nouvelles études. Mais cette fois-ci je voudrais me placer au niveau des échanges dans le cadre des projets de développement qui mettent en relation des Burkinabé et des Français. Les échecs récurrents du « développement », depuis plus de quatre décennies, doivent nous pousser à nous interroger. Je ne manquerai pas de vous partager les fruits de mes recherches.

Partie donc pour la France le 19 octobre dernier, nous avions une réunion le 17 octobre à Ouagadougou, avec le bureau de l’association, pour nous mettre d’accord sur les priorités de l’année 2005, dans le cadre du projet de la Maison des cultures. L’année 2004 a été consacrée à la réflexion et la mise en forme de ce lieu à partir duquel faire rayonner nos activités. Nous savons où nous voulons aller. J’avais développé dans le dernier Dunia kibaré, quelques éléments du projet pédagogique. Pour ceux à qui nous n’avions pas pu envoyer le Dunia kibaré, je joins un additif le présentant, en m’excusant de ne pas avoir pu l’envoyer avant.

Comme vous aviez pu le découvrir, la maison des cultures est un projet riche d’ambitions et de perspectives. Et nous avons une grande et belle nouvelle, Etienne, le président de l’association, doit signer une convention entre la municipalité du Boulmiougou et l’association, dans le cadre d’un partenariat. La municipalité mettra en effet un terrain de près de deux hectares à notre disposition pour la réalisation de notre projet ! Car, comme me l’a confié madame le maire, à l’occasion d’une rencontre : « Ce projet nous intéresse d’autant plus que nous n’avons pas de véritables lieux définis pour développer nos activités sociales et culturelles sur l’arrondissement ». Vous voyez donc toute l’opportunité que représente un tel projet pour la commune dans ce quartier périphérique.

Les plans des différents bâtiments sont en cours d’être réalisés. Par le plus grand des hasards, je loge, en France, à une dizaine de kilomètres de la ville où habite Jacqueline, architecte et décoratrice d’intérieur qui a accepté, avec Antoine, de travailler sur les plans de la Maison des cultures ! Notre souhait, comme je l’avais abordé dans le dernier Dunia kibaré, est de mettre en valeur les matériaux locaux tant pour la construction que pour l’aménagement des bâtiments. Jacqueline et Antoine sont très attachés à cette valorisation des matériaux locaux reflet d’une identité riche et esthétique mais bien souvent dévalorisée auprès des Burkinabé, qui préfèrent le béton et des formes architecturales extérieures à leur pays. Cette proximité en France favorisera donc positivement les démarches liées à la conception.

Si le stade du projet était théorique en début d’année 2004, il a commencé à se concrétiser, puisque nous espérons avoir bientôt le terrain. Et les années 2005 et 2006 seront donc consacrées à la recherche de partenaires financiers (fondations, entreprises, dons, subventions, etc...) au Burkina Faso comme en Europe.

Si notre énergie est actuellement absorbée par le projet de la Maison des cultures, les tournées d’échanges culturels continuent. Le Burkina vient en France, cette année avec ses techniques artisanales. Je vous invite à découvrir Nicolas, jeune artisan bogolan. Il proposera dans les écoles, au cours de l’année 2005, des ateliers en milieu scolaire pour partager son art et initier les enfants, de la maternelle au CM2, à une technique ancestrale de teinture naturelle.

Je ne peux plus vous souhaiter une bonne année, car on a largement dépassé les délais !

Je vous adresserai donc en toute simplicité mes salutations amicales.

Yasmina Badolo

Voici donc ces quelques nouvelles de l’association. Les adhérents de l’association recevront d’ici quelques semaines, le bilan moral et financier plus en détails pour l’année 2004. Le retard étant lié à mon état de santé.

Je serai joignable durant tout mon séjour en France sur le numéro de l’association (06.85.15.09.13).

Attention l’adresse de l’association en France a changé :

Chez Katia Lang – 1 rue Emile Zola – 49300 Cholet