Du côté de Zoula
La troupe de danses et de musiques traditionnelles Belegnié Vous devez tous être avides de recevoir des nouvelles d'Alexandre, d'André, de Nadège et des autres jeunes de la troupe Belegnié. En l'an 2000, ils foulaient pour la première fois la France, et sillonnaient, pendant deux mois, la région des Pays de La Loire. En 2002, c'est la région lyonnaise qu'ils ont pu découvrir à l'occasion d'une tournée de cinq semaines. Ces deux tournées d'échanges culturels ont été des aventures formidables au cours desquelles nous avons produit notre spectacle plus de cent quinze fois devant un public de près de dix-neuf mille personnes, et nous déplaçant par exemple dans plus de soixante-cinq écoles.
Des moments forts ont été partagés et des amitiés sont nées... Les jeunes de Zoula ne peuvent oublier leurs amis de Loué dans la Sarthe, ni ceux de Vaugneray près de Lyon. Partout où ils sont passés ils ont engrangé des souvenirs impérissables. Certainement que nombreux ont été ceux qui ont été frustrés que cet échange ne puisse pas continuer après la tournée. C'est pourquoi Dunia Kibaré veut être un lien entre vous tous, petits, grands et anciens qui nous avez reçus et ces jeunes de Zoula qui sont venus en France vous faire découvrir un peu de leur culture. N'hésitez donc pas à nous écrire, à continuer de nous poser des questions comme vous l'aviez fait dans les classes ou après les spectacles et à nous donner de vos nouvelles, nous vous répondrons par courrier ou par l'intermédiaire de notre lettre trimestrielle. En attendant de vous lire, je suis retournée à Zoula pour prendre des nouvelles de vos amis... C'était à l'aube d'un jour de saison froide, dans la fraîcheur d'un matin de janvier. Vers six heures, j'ai pris mon autobus à la gare routière de Ouagadougou, la capitale, sans oublier d'embarquer ma mobylette. En effet, après la route goudronnée et étroite sur laquelle notre bus filait, il nous fallait rouler encore trente minutes en mobylette pour atteindre Zoula, le village de nos amis, parcourant la brousse et empruntant la piste. Un équipement de rigueur s'imposait, puisque c'est la saison de l'harmattan. Il faut se protéger le nez et porter des lunettes. La latérite portée par le vent nous enveloppe de son manteau rouge et la poussière se substitut à l'oxygène .... Enfin, c'est une grande joie de tous nous retrouver. Je fais le tour de chacune de toutes les concessions pour saluer les familles. Mais les jeunes ne sont pas chez eux. Ils sont dans les jardins familiaux à jardiner. Les moissons sont terminées depuis le mois de novembre. Pendant la saison des pluies (de fin mai à octobre), ils ont en effet cultivé les céréales et autres cultures (mil, sorgho, arachides, maïs). Les récoltes ont été engrangées dans les greniers. Et maintenant, c'est dans les jardins que chacun s'active. La majorité d'entre eux sont paysans, mis à part Fulgence qui est actuellement en classe de terminale. La plupart jardinent donc pendant la saison sèche (de novembre à juin) dans des jardins familiaux. Le principe est simple, près de la concession familiale, on délimite une surface que l'on clôture afin d'éviter que les animaux ne viennent y paître. Au cœur de celle-ci, on creuse un puits qui permet d'arroser quotidiennement les cultures. Ceux-ci sont creusés à la main et ne sont donc pas très profonds. Les cultures sont les oignons, les choux, les tomates, les salades. L'activité est parfois stoppée faute d'accès à l'eau.
Et il faut donc arrêter et attendre la prochaine saison des pluies qui abreuvera les nappes phréatiques, remplissant les puits... En attendant, je les rencontre dans ces jardins. Ils arrosent les oignons. Lorsque j'étais arrivée à la gare routière de Koudougou, une odeur aigre et piquante se dégageait de l'atmosphère. Des centaines de sacs d'oignons jonchaient la place attendant les camions pour être acheminés jusqu'en Côte d'Ivoire. C'est leur labeur quotidien. Enfin, nous nous sommes tous rassemblés sous l'immense manguier qui orne la cour de la famille de Sidonie, une des danseuses. Après les salutations d'usage, nous pouvons bavarder tranquillement.. " Qu'êtes-vous devenus depuis la première tournée ? Quelles sont vos activités au village ? " - Wenceslas (danseur) : " Nous sommes au village et travaillons dans les champs et les jardins. " " Ces cultures sont-elles rentables pour faire vivre vos familles ? " - André (musicien) : " On se débrouille ! La rentabilité de ces cultures est faible à cause des engrais et des pesticides qu'il faut acheter et le coût du kilo. Un sac de 50 kilos est vendu 5000 Fcfa ( 7,62 euros ). Un trimestre de labeur quotidien sur les oignons, par exemple rapporte donc environ 50 000 Fcfa ( 76,22 euros ). " " Et la danse ? " - Fulgence (musicien) : " La danse est très importante pour nous tous. Elle nous a permis de voyager au Burkina et de découvrir le monde, de voir beaucoup de choses et de nous faire beaucoup d'amis. Dans de nombreux villages en France, on connaît maintenant Zoula, notre village et on est très fier de le représenter et de faire découvrir notre culture. Et puis la danse, on aime ça. Depuis qu'on est tout petit, on danse... " - Wenceslas : " Et puis même quand on a des problèmes au village, qu'on attend l'eau par exemple pour continuer à cultiver, et qu'on ne peut rien faire d'autre, on repense à tous ces souvenirs des deux tournées d'échanges culturels auxquelles on a participé avec l'association Dunia La Vie-Burkina. Et c'est déjà beaucoup ! " - André : " Mais c'est vrai aussi que la danse est un moyen de nous en sortir au village et de progresser. Aujourd'hui, nous ne sommes plus des enfants et nous avons beaucoup de responsabilités. Nos familles comptent sur nous. Nous souhaitons maintenant améliorer nos conditions de vie au village. Le courage ne nous manque pas et nous aimons notre village. Tous nos parents sont là et ont besoin de nous. Ce sont les moyens qui nous font défaut. Et on espère que la bonne collaboration avec l'association Dunia la Vie-Burkina va continuer. Cette association nous a proposé de nous regrouper en coopérative agricole et de réfléchir à un projet de développement agricole qui nous permettrait d'améliorer nos conditions de travail et la rentabilité de nos productions. Nous faisons donc des réunions dans le village avec d'autres villageois pour examiner comment définir un projet commun qui profite à tous. " - Alexandre (danseur) : " Mais, on ne travaille plus avec Jean-Marc qui nous encadrait. Aujourd'hui, on attend Benoît qui avait fondé la troupe il y a plus de dix ans maintenant. Aujourd'hui, il est musicien au Ballet National du Burkina et on est très contents qu'il nous reprenne en main parce qu'on s'entend bien et qu'on sait qu'on va pouvoir continuer à progresser avec lui au niveau de la danse. C'est ce qu'on espère. " " Je pars en France en janvier pour monter un nouveau projet de tournée d"échanges culturels, qu'avez-vous à dire à vos amis en France ? " - Alexandre : " Qu'on s'entraîne sérieusement pour créer un beau spectacle et qu'on a hâte d'être dans l'avion. Car si nous sommes dans l'avion, c'est que nous arrivons ! On te souhaite, Yasmina, bonne chance et bon courage pour ce nouveau projet… " J'ai pu revoir tout le monde, excepté Noélie et Augustine qui avaient participé à la première tournée. Elles se sont mariées et ont quitté Zoula pour rejoindre le village de leur mari respectif. Elles sont aujourd'hui de jeunes mamans. Nadège danseuse
" Que vive longtemps cette troupe qui nous a apporté tant de joies... " un spectateur
Date de création : 30/11/2005 @ 08:55
Dernière modification : 30/11/2005 @ 09:02
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